L’Aïki c’est musubi.

Ca a aussi le sens de naissance, création. Il y a beaucoup de sens cachés et on ne peut réduire ce mot à un seul concept. C’est aussi le musu que l’on retrouve dans takemusu. C’est parce qu’il y a une union que quelque chose apparaît. C’est parce que l’homme et la femme s’unissent que l’enfant naît, que quelque chose de nouveau est créé. Si l’on se considère différent, unique, étranger, rien ne peut naître. C’est aussi cela qu’Osenseï voulait enseigner.
Il disait : « Ame no ukihashi ni tatete », se tenir sur le pont flottant du paradis. A l’époque on se demandait ce qu’il voulait dire. (rires) Aujourd’hui je comprends mieux ce qu’il voulait dire. Il y a un pont entre le ciel et la terre que l’on traverse et où nous devenons le lien.

Le Budo est une voie de purification. C’est le misogi haraï. Ce n’est pas une voie de destruction de l’adversaire. C’est une voie qui est au-delà de la victoire et la défaite. C’est ce qu’il essayait de nous transmettre ainsi que l’idée de musubi.
La mère qui protège son enfant est la véritable signification de bu et a le même sens que le de Aïkido. C’est le contraire absolu de la recherche de la destruction de l’autre. Evidemment pour nous c’était incompréhensible. C’est encore une fois l’assemblée d’enfants de maternelle qui ne peut saisir le discours d’universitaires. (rires)

On parle de l’école Mutekatsu de l’ancien temps que pratiquaient les grands experts qui permettait de vaincre les mains vides. Avec les autres uchi-deshis nous nous disions toujours que pour se battre muteki, sans armes, il fallait un niveau extraordinaire.
Pour Osensei muteki signifie qu’on n’a pas d’armes et qu’on est tous semblables. La même expression revêt en fait une signification totalement différente. Sans armes et dans un esprit de fraternité le combat n’apparaît pas et il n’y a ni vainqueur ni vaincu.
Nous recevions un enseignement extraordinaire mais étions aveugles. Et nous avons fait supporter le poids de notre ignorance à nos élèves ! (rires)

Interview de Tamura Sensei par Tsubaki Journal